Témoignages 2017 – Page 2

Témoignage n°5

« L’épreuve de résumé et de discussion était sur un éditorial du Monde, celui du 19/12/2014, sur la légalisation du cannabis. La consigne était très similaire à d’habitude « 1) résumez ce texte en 5 lignes MAXIMUM, 2) choisissez et commentez UNE idée de ce texte en un MAXIMUM de 2 PAGES ». Les copies d’examens étaient des copies classiques mais la partie réservée à notre production était totalement vierge, c’est-à-dire qu’il n’y avait pas de lignes du tout.

La dictée était un extrait de « Les Noces funèbres » de Yann Queffelec (le titre de l’œuvre et le nom de l’auteur faisaient partie de la dictée. Elle se déroulait ainsi : une première lecture, normale, sans la ponctuation, du texte durant laquelle nous n’avions pas le droit de prendre de notes, ensuite une lecture dictée, la personne dictait des morceaux plus ou moins longs (la taille de ces « morceaux » était très variable) qu’elle répétait 2 fois. Une fois la dictée terminée elle l’a relue intégralement mais avec la ponctuation, puis une fois cela terminé nous devions poser nos stylos, nous n’avions aucun temps de relecture personnelle.

Enfin, je pense que l’oral est l’épreuve qui s’est le mieux déroulée pour moi. Nous attendions dans une salle d’attente, puisqu’il y avait 6 ou 7 jurys différents nous étions plusieurs convoqués à la même heure. Notre jury venait ensuite nous appeler, j’étais avec un jury composé de 2 femmes très jeunes (environ la trentaine d’année), l’une était orthophoniste en exercice mixte (mi-temps à l’hôpital, mi-temps en libéral) et l’autre était conférencière en psychologie. Elle m’ont d’abord fait faire quelques exercices, j’ai eu :
– un petit texte extrait du livre « réparer les vivants » que j’ai dû lire à voix haute,
– 4 logatomes à lire à voix haute également,
– des rétentions de chiffres (elle a commencé avec 4 chiffres et la dernière série en avait 8 ou 9 il me semble)
– rétention de phrases (la première était une citation que je connaissais donc c’était plus facile « choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler une seule minute de votre vie. », puis une autre plus portée sur l’actualité),
– elles m’ont ensuite fait écrire une phrase qu’elles m’ont dictée qui était très simple et enfin…
– j’ai eu le droit à la petite chanson ! Je me suis donc levée après leur avoir demandé la permission, j’ai pris mon temps pour me racler la gorge et me concentrer puis j’ai commencé à chanter « Il en faut peu pour être heureux » et elles ont tout de suite souri. J’ai juste chanté le refrain du début puis elles m’ont arrêtée. Elles ne m’ont pas demandé pourquoi j’avais choisi cette chanson.

Nous sommes ensuite passées à l’entretien sur les motivations. Elles m’ont tout d’abord demandé de me présenter, de dire rapidement mon parcours, comment j’ai découvert le métier et d’expliquer mes motivations. Puis elles m’ont posé différentes questions assez classiques sur mes loisirs, pourquoi ce métier-là et pas un autre, il y a eu un blanc pendant un moment parce qu’elle cherchait une question en relisant ses notes donc j’en ai profité pour parler un peu d’une conférence à laquelle j’avais assisté « l’art pour soigner la mémoire ? », ce qui a eu l’air de les intéresser. Elles ont rebondi en me demandant si j’avais des loisirs, puis, comme j’ai parlé du piano et de la danse, elles m’ont demandé si je pensais que cela pourrait servir en tant qu’orthophoniste. Elles m’ont également demandé si je pouvais lister « rapidement » les différents champs d’action du métier, c’est à ce moment que j’ai pu parler un peu des pathologies. L’une d’elle m’a demandé si j’avais été admise en médecine après la PACES que j’avais fait l’année précédente et quand j’ai dit que non elle m’a demandé si j’avais au moins eu la moyenne au concours. Comme la réponse était « non », j’appréhendais un peu leur réaction mais finalement cela ne m’a pas du tout porté préjudice par rapport à ma note.
Elles m’ont aussi posé une mise en situation : je suis orthophoniste, une personne âgée atteinte de la maladie d’Alzheimer se présente dans mon cabinet, sa famille expliquant qu’elle a du mal à communiquer avec la personne, qu’ils ne se comprennent plus, qu’elle a des discours incohérent etc. Mais à côté de cela la personne malade déclare se porter tout à fait bien, elle ne pense pas avoir de problème particulier et par conséquent ne voit pas l’intérêt de faire des séances d’orthophonie. Comment je m’y prend, qu’elle serait ma démarche et qu’est ce que je prends en considération ?
Je pataugeais un peu, je prenais un peu le temps de réfléchir à voix haute mais pas d’inquiétude elles me mettaient vraiment en confiance en me disant « c’est vraiment une question difficile, nous nous doutons que vous ne connaissez pas le métier mais avez vous quelques idées de la façon dont vous vous y prendriez? ». Vers la fin de l’entretien je rigolais même avec elles… et quand elles m’ont dit que c’était terminé j’ai trouvé que c’était passé vraiment très vite, je me suis donc permis de dire « Ah… c’était vraiment court » d’une voix un peu timide donc elles ont rigolé gentiment et m’ont alors demandé si j’avais quelque chose à ajouter. J’ai sorti une phrase très bateau du type « je suis vraiment motivée, c’est un métier génial tout ça tout ça » et j’ai senti que l’entretien se terminait sur une note joyeuse. « 

 

Témoignage n°6

« Pour moi les épreuves d’admission se sont déroulées sur deux jours : convoquée le jeudi matin pour les épreuves écrites et le vendredi midi pour le fameux « oral ».
Pour les épreuves écrites j’ai fait toutes les annales qui me sont tombées sous la main. Pour ce qui est de la dictée je me suis entraînée à écrire le plus rapidement possible car elle était réputée pour avoir un rythme assez soutenu (avant l’épreuve j’ai même pris le temps de m’échauffer les poignets histoire d’éviter la crampe). Pour ce qui est du résumé et du commentaire ce sont des épreuves classiques des concours, le tout étant évidemment de bien faire attention au temps !
Le vendredi, j’étais convoquée à midi. Je suis arrivée dans une grande salle où les candidats étaient réunis attendant que les différents jurys d’examen viennent nous chercher. Cela m’a laissé un temps pour discuter avec chacune (et permis de me détendre un peu). Peu de temps après j’ai été appelée : je me suis retrouvée face à un neurologue (qui a vérifié ma convocation et ma carte d’identité) et une orthophoniste.
Ils m’ont mise d’emblée très à l’aise en m’expliquant le déroulement de l’entretien dont le but principal n’était pas de me piéger mais plutôt d’apprendre à me connaître. La première partie de l’oral fut donc orientée vers mon parcours « d’où venez-vous ? » « Qu’est-ce qui vous a orienté vers l’orthophonie ? » « Quel a été votre cursus ? » : ayant eu une L2 de psychologie il m’a été demandé pourquoi je n’avais pas fini ma licence, si les études en orthophonie allaient me permettre de m’épanouir et si à mon âge (23ans) j’étais prête à repartir pour 5 ans d’études. J’étais préparée à ce type de question et j’ai répondu avec tout l’honnêteté et la précision dont j’étais capable. Mes réponses ont eu l’air de les satisfaire et nous sommes repartis sur autre chose. Ils m’ont demandé si j’avais déjà fait des stages d’observation, ce que je pensais du secret médical et comment je voyais mon début de carrière. Les jurys me questionnaient tous les deux et tout s’enchaînait naturellement.
Puis est venu le temps des exercices : dans un premier temps j’ai dû restituer des suites de chiffres (3 séries au total), puis 3 phrases assez courtes qui parlaient des sujets d’actualités. Ayant eu des difficultés sur la suite de chiffres le stress est remonté en flèche me faisant buter sur les phrases. Je me suis excusée en justifiant mes erreurs par le stress ; l’orthophoniste m’a souri et nous sommes passés à la chanson. Je me suis levée et j’ai commencé à chanter : le neurologue dessinait sur sa feuille et l’orthophoniste me regardait d’un visage impassible (attitude normale pour nous déstabiliser) je me suis concentrée sur les paroles de ma chanson en faisant bien attention à continuer de les regarder tous les deux. J’ai fini l’entretien par une phrase dictée une seule fois que je devais écrire sur une feuille. Ils m’ont souhaité une bonne fin de journée et je suis sortie.
Caen fut certainement l’entretien où le jury d’examen s’est montré le plus à l’écoute et intéressé par mon parcours et mon aspiration à devenir orthophoniste. J’étais toutefois dubitative car les exercices ne s’étaient pas passés comme je l’espérais. Résultats mi-juin, je suis annoncée 59ème sur liste complémentaire. Je ne savais pas si la liste aller remonter jusqu’à moi et finalement le coup de fil libérateur arriva fin juillet. A Caen soyez vous-mêmes et ne vous laissez pas déconcentrer. »